Aujourd’hui, c’était un matin comme les autres. Après presqu’une semaine sans arrêt de pluie, le soleil avait enfin montré le bout de ses petits rayons ! Et tout le monde savait, même moi du haut de mes huit ans, qu’il ne pleuvait que très rarement à Biarritz. Mais moi, contrairement aux autres, j’adorais aller patauger dans les flaques d’eaux, et de mouiller mes petits pieds. Malheureusement, papa, il n’était pas toujours très content alors. Soit disant que ce n’était pas bon de mouillé ses habits, et encore moins d’aller sous la pluie avec un t-shirt. Mais je ne tombais jamais malade ! Jamais. J’étais une forte moi, vraiment. Mais bon, j’essayais de ne pas désobéir à mon papa. Excepté quand j’étais avec Julie, alors là, on rigolait derrière son dos, et on mangeait pleins de chocolat ! Enfin. Ce matin, quand je m’étais habillée pour aller à l’école rejoindre les cours pas beaux, mon papa ben il était déjà parti. Ça arrivait, lorsqu’il devait aller très tôt à son boulot. Et je n’aimais pas ces matins. Parce qu’il n’était pas là, et que je devais manger toute seule. Mais comme à mon habitude, je ne débarrassais pas la table, j’étais trop petite pour arriver aux armoires. Oui, à l’école, on rigolait souvent de moi parce que j’avais une petite taille. Il n’y avait que mon papa qui était gentil de toute façon.

Je passais une bête journée à l’école… Oups, on ne peut pas dire de gros mots ! Mais mademoiselle Erika, elle n’était pas là aujourd’hui, et on avait eu que des mathématiques, et moi, je n’aimais pas ça. J’aimais que le français et le dessin. L’art comme disent les grands. C’est trop bien et trop beau. Le monde il est alors tout colorié. Alors qu’il sonnait seize heures, l’heure à laquelle on pouvait rentrer chez soi, les jeunes enfants dont les parents travaillaient, étaient accompagnés dans un rang jusqu’à un certain point. Il y avait plusieurs rangs différents, et moi, j’étais dans le rang B. Qui allait jusqu’à une rue… Tout près, une rue para… Parallèle ! Oui ! Parallèle à chez moi, et je n’avais plus qu’à faire deux minutes à pieds et toute seule. Je me sentais alors très grande et fière de moi. Mais j’avais quand même un peu peur toute seule dans la rue, alors je courais jusqu’à chez moi.

Et même que mon papa, il m’avait donné une clef. Ma première, et j’étais super contente. J’ouvrais donc la porte de la maison familiale, me mettant sur la pointe des pieds. Une fois à l’intérieur, j’aperçus la veste de papa. Oui ! Ça voulait donc dire qu’il était rentré plus tôt que d’habitude à la maison. Jetant mon cartable sur le sol, au pied des escaliers, je courais jusque dans la cuisine. « Papaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa ! » Et je sautais dans ses bras. Moi, je l’aimais, mon papa.

Ce qui était chouette aussi, c’est que mon papa, ben, il aimait aussi fort que moi les câlins. Heureusement, parce que sinon, ça ne serait pas mon papa. Imagine, vivre sans câlins et bisous… C’était l’enfer total ! Heureusement, notre maison, c’était un peu la maison du bonheur. Comme dans les séries qu’on regardait parfois le soir à deux, quand il faisait très moche dehors. Mais j’adorais ces soirées. Parce qu’alors, je pouvais me vautrer dans les bras de Maxence. Ça me faisait tout drôle de l’appeler par son vrai prénom. Parce que pour moi, c’était papa. C’est comme quand on demandait le nom de nos parents à l’école, moi, je disais toujours papa. Avant que mademoiselle la maîtresse nous corrige. Enfin. Voilà. Je donnais un gros bisou tout mouillé sur la joue toute douce de papa, avant d’éclater de rire. Ça le faisait toujours râler parce qu’ils étaient tout baveux. « Oui, ça a été, mais maîtresse Erica, elle était pas là. Tu vois, la jolie brune là ? » Je lui fis un grand sourire angélique. Comment ça je les poussais ? N’importe nawak ! « Non, aujourd’hui, on a pas eu de devoirs, c’est trop cool ! » Je restais encore un peu dans les bras de papa. Et j’eus des étoiles pleins les yeux. Se baigner ? C’était trop la classe ça d’abord ! « Oh oui ! Je veux aller nager ! » Oh, c’est vrai, il ne fallait jamais rien exiger. « S’il te plait papa ! »

Une fois à terre, je pris la tête de Doggy dans mes bras, la pressant sur mon ventre. Certains avaient peur des chiens, moi, pas du tout ! Surtout Doggy qui était un vrai nounours. Bon, en règle générale, les bergers allemands n’étaient pas toujours très gentils, et souvent ils mordaient, mais Doggy, c’était une exception. Il n’y avait pas plus gentil que lui. Et j’éclatais encore une fois de rire quand il me lécha le visage. « Ahhhh, Doggy, c’est dégelasse ! » Je pris la main de mon papa, l’amenant avec moi du salon à la cuisine. Je mourrais de faim. J’avais oublié de prendre un désert avec pour l’école, et alors, je n’avais mangé que mes tartines au fromage. « Papa, tu sais, j’ai très faim ! » Je lui montrais une boîte de cookies. « Je peux avoir des biscuits au chocolat s’il te plait ? » Attendant sa réponse, et surtout qu’il me donne mon quatre heures, je m’asseyais à la table de la cuisine. Ici, on ne mangeait jamais debout, ce n’était pas polis d’abord. Et une jeune fille devait être polie. C’était dans les règles de l’art d’abord !

Je rigolais ! Evidemment que j’avais été sage, j’acquiesçais de la tête et lui fis un grand sourire. Maintenant qu’il s’était vu, je n’avais plus besoin de faire la méchante petite fille, alors que j’étais bien élevée moi. Et puis j’étais sur d’abord moi que ben la maîtresse elle n’avait pas été malade mais qu’elle avait été voir mon papa en douce, ou qu’elle avait trop rêvé de lui ! Parce que mon papa c’était le meilleur et qu’elle ne pouvait que penser à lui depuis la dernière fois. J’étais plus que décider de lui trouver une amoureuse. Mais attention, il n’y a que moi qu’il aimera pour toujours. A la pensée que ça puisse être faux, je lui fis un gros câlin. « Tu m’aimeras toujours hein ? » Parce que moi oui, je le pensais tellement fort, que j’étais sûr qu’il l’avait reçu par la pensée ! « Oh oui ! Un film qui fait rire » J’adorais rire avec lui dans le divan, une tasse de lait entre les mains, et ses bras qui me faisaient pleins de câlins ! Avec Doggy à nos pieds pour qui surveille la maison des méchants voleurs et tout. J’éclatais de rire quand il dit que le chien pourrait venir avec nous à la mer. Doggy, il avait toujours aimé l’eau, il courait dedans et faisait pleins d’éclaboussures, c’était toujours très drôle !

Je pris les deux biscuits que mon papa me permettait de prendre et lui dit que oui, j’aimerais bien un verre de lait, parce que bon, c’était toujours meilleur avec du lait d’abord ! C’était tout… Je ne connais pas le mot, tout très, très bon ! Ce qui me faisait aussi sourire en cachette, c’était que mon papa il était toujours très propre. Comme la par exemple, où il avait mis les biscuits dans une assiette pour pas faire de miette ! Je suis sur que maîtresse Erica serait très contente de l’apprendre, que c’était un homme propre. Parce que dans les séries à la télévision, ben les maris ils étaient toujours pas gentils et faisaient les gros porcs ! Et ce n’était pas bien. Moi plus tard, j’aurai un mari tout gentil qui ferait la vaisselle et qui préparerait le dîner d’abord ! Voilà !

Une fois que j’eus fini mes biscuits au chocolat, je me levais de table. « Je vais chercher mon maillot ! Tu vas prendre le tiens ? Comme ça on peut y aller maintenant car il y a du soleil » ! Je courus jusque dans ma chambre. Contrairement aux chambres de petites filles, il n’y avait pas pleins de princesse et tout. Et tout rose non plus. Moi j’avais une chambre dans les tons turquoises, avec des photos de moi, de moi et papa, de papa et Doggy, de moi et Doggy et de nous trois. C’était très bien décoré. J’avais quand même un lit comme une princesse. Avec de grands rideaux et tout. J’avais de la chance. Je sortis mon maillot bleu de mon armoire. Il était le plus joli parce que c’était le cadeau de papa pour mes huit ans (avec autre chose, mais chut, je ne suis pas gâtée moi d’abord… Oups), je mis tout dans un sac avant de courir à l’entrée. « Papaaaaa ?! T’es prêt ? Dépêche toi ! Moi je le suis ! Je t’attends ! Viiite ! » Je trépignais sur place.