Mathéo sursauta lourdement dans son lit. La sonnette stridente de l'entrée venait de résonner dans tout l'habitacle. Qui venait le déranger un samedi matin ? Il attendit quelques instants dans l'espoir que son frère ou sa jumelle veuillent bien s'en charger mais aucun bruit ne se fit entendre. C'est donc en soupirant longuement qu'il se leva avant de quitter sa chambre, les cheveux quelque peu décoiffés et la mine endormie.
Si c'était son meilleur ami, il ne lui en voudrait presque pas mais lui ferait clairement comprendre (encore une fois) qu'il ne fallait pas le réveiller le week-end. Qu'il fallait le laisser en paix ces deux jours-là. Mais Mathéo savait pertinemment qu'il ne le laisserait jamais en paix, jamais. Le jeune homme continua son chemin vers la chambre voisine, celle de sa soeur et ouvrit lentement la porte. Il souhaitait juste vérifier si elle était là ou non, pas pour la réveiller, voyons, il n'aurait jamais fait cela. Et malheureusement pour lui, elle avait dû se lever il y a bien longtemps car elle n'était manifestement pas ici. Refermant de moitié la porte, il marcha quelques pas encore pour atteindre la dernière pièce qui n'était autre que celle donnant sur la pièce de son frère. Qui devait sûrement encore se trouver au boulot car non présent.
Etait-il donc le seul à profiter de son week-end ? Il comprenait parfaitement que son frère se lève, travaillant dans le milieu médical, mais sa soeur... Que faisait-elle dehors à cette heure-ci ? Mathéo ne la comprendrait jamais.
Mais le problème de Mathéo n'était pas réellement là. Tout ce qu'il souhaitait c'était de ne pas être dérangé, par qui que ce soit. Il n'avait pas envie de voir du monde et ce, depuis pas mal de temps. La personne qui se trouvait derrière cette porte devait posséder une justification en béton car il n'avait pas l'intention de bavarder longtemps. Marchant d'un pas lent, il se pressa tout de même un peu vers l'entrée quand un nouveau coup de sonnette le secoua. Avait-elle de nouveau sonné entre-temps ? Il ne le savait même pas. Il tenta de coordonner correctement sa chevelure sauvage pour paraître un minimum présentable et actionna la poignée de la porte.
« C'est pour quoi ? » Son ton avait été un peu sec mais il ne s'en formalisa point. Il posa son regard sur la personne en face de lui. Une jeune femme un peu plus âgée que lui, blonde, grande. Et totalement inconnue à ses yeux. Mathéo fronça les sourcils. Il ne l'avait jamais croisée et serra quelque peu les lèvres. Ce n'était pas vraiment le jour pour de nouvelles rencontres.

Hanaé était plutôt du genre à faire le premier pas avec les mecs, sans trop se poser de question. D’ordinaire, elle le fait sans même réfléchir, mais en ce qui concerne le beau Valérian, depuis leur rupture, c’était complètement différent. Oui, il lui avait brisé le cœur et depuis maintenant quelques semaines, ils se reparlaient et le beau brun lui avait même fait comprendre qu’il voulait essayer de tout recommencer avec elle alors qu’ils prenaient un café tous les deux au petit Biarritz. Grâce à cette conversation, la belle blonde avait comprit qu’il lui manquait plus qu’elle ne voulait le croire et que même si elle lui en voulait toujours de l’avoir quitter sans la moindre explication, elle ne pouvait lui en vouloir infiniment tout en sachant qu’il avait des sentiments pour elle. Oui, qu’est-ce qu’elle ne ferrait pas pour ses beaux yeux. Bref, elle devait prendre les devants cette fois-ci, il lui avait presque forcé la main en partant l’autre jour pour aller chercher sa sœur au centre commercial. S’il avait prit les devant en l’invitant boire un café, maintenant, c’était à elle de le faire et avec lui, elle n’arrivait pas à le faire sans se poser d’éternelles questions.

Ce matin là, elle n’avait rien à faire alors elle s’était enfin décidé de le franchir ce pas en allant voir le jeune homme chez lui. Elle n’était jamais allé dans la demeure Maltais puisque lorsqu’ils étaient ensemble il vivait seul dans son appartement mais il l’avait prévenu qu’il était revenu vivre dans la maison familiale pour son frère et sa sœur alors elle était directement allé la bas, après avoir demandé la certitude de l’adresse à un ami en commun, après avoir juré que ce n’était pas pour un cambriolage. Bref, elle n’avait pas idée qu’elle pourrait déranger et qu’elle était même venu pour rien puisque le Maltais qu’elle recherchait, était déjà au travail contrairement à elle qui savourait ses vacances. La jeune femme blonde sonna donc plusieurs fois à la sonnette pour être sur qu’il n’y avait personne et alors qu’elle allait faire demi tour, pensant que la maison était vide, elle entendu la porte d’entée s’ouvrir. Se retournant, elle vit que ce n’était pas du tout le bon Maltais, mais il ressemblais à Valérian alors il devait être son petit frère dont il lui avait déjà parlé. « C'est pour quoi ? » Demanda le jeune homme. Ce dernier avait l’air complètement endormie, du moins il avait l’air en tout cas. « Bonjour, tu dois être… le petit frère de Valérian c’est ça ? » Sur le coup, elle avait complètement oublié si Val’ lui avait dit son prénom, il devait lui avoir dit à mainte reprise mais là, elle s’en souvenait plus. « Est-ce que ton frère est là ? Je suis euh… une amie » Une amie, une ex, elle ne savait pas vraiment pour le moment comment se présenter, surtout qu’ils ne se connaissaient pas, du moins ils s’étaient vu pour la première fois il y a à peine cinq secondes.

Mathéo l'observait attentivement répondre. Effectivement, il ne l'avait jamais vue. Il avait beau cherché le moindre élément qui pourrait répondre à ses plates questions banales mais rien n'y faisait : cette demoiselle lui était inconnue. Ses yeux encore embrumés se relevèrent vers son visage entouré de longs cheveux blonds. « Bonjour, tu dois être… le petit frère de Valérian c’est ça ? » Mathéo haussa les sourcils tout en restant appuyé sur le côté de la porte d'entrée. Il ne la connaissait pas mais elle si. La situation devenait un peu trop compliquée pour lui, surtout pour un matin. Ses muscles étaient engourdis, tout autant que son esprit et sa réflexion. C'est pour cela qu'il ne réagit pas à sa première question. « Est-ce que ton frère est là ? Je suis euh… une amie » Et qu'il dût vraiment se creuser pour la deuxième. Oui, Mathéo était un véritable déchet quand on le réveillait bien trop tôt. Et cela, ses professeurs le savaient parfaitement. Le jeune homme en avait même surpris un se moquant ouvertement de lui une seule et unique fois. C'est vrai que cela pouvait être particulièrement risible. Son meilleur ami lui rappelait souvent d'ailleurs. Même si Mathéo n'était pas facile à vivre depuis une année environ, son ami était toujours là. Il ne l'avait pas abandonné.
Mathéo acquiesça lentement. Le petit frère de Valérian pour vous servir Il songea à faire une révérence pour paraître plus accueillant qu'actuellement mais il se retint, n'exagérons rien quand même. Il tenta toutefois un sourire qui se révéla plutôt réservé. « Valérian n'est pas là, il bosse. » Il détourna le regard sur le côté. Il avait l'impression que son frère travaillait tout le temps. Mais travail d'infirmier urgentiste oblige. Le jeune Maltais releva la tête vers la jeune femme. Son coeur était un peu plus serré que précédemment. Ses relations avec Valérian n'étaient pas aux beaux fixes. Mathéo y était pour beaucoup dans l'histoire même s'il ne voulait pas regarder les choses en face. Il avait besoin qu'on comprenne son besoin de se débrouiller seul dans sa tristesse, qu'il arriverait très bien à s'en sortir. Seul. Mais les esprits des uns et des autres devaient être coincés. Car le lien si particulier qui l'unissait à Plùm n'était plus non plus depuis l'accident.
Mathéo secoua légèrement la tête pour se sortir toutes ces pensées qui l'assaillaient de l'esprit. Voilà pourquoi il ne se levait pas rapidement le matin, cela était synonyme de réflexions beaucoup trop importantes. « Je suis désolé. » Il sourit de nouveau posément. « Je peux... » Peut-être prendre un message ? « Mais, vous êtes ? » Oui, parce qu'avant tout message, il voulait s'assurer que ce n'était pas une idiotie faite par ses "amis". Car, elle semblait être une amie justement de son frère mais il ne pouvait encore en être sûr.
Bon, sa façon de le demander n'était pas très polie mais c'était Mathéo. Le matin.

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