Quand les secrets remontent •°o. Plùm & Valérian

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Plùm & Valérian

Hier soir, Valérian s'était pris la tête à vouloir discuter avec son petit frère, Mathéo, il avait voulu l'aider en le faisant parler, mais ça avait été une très très mauvaise idée car au final, ça c'était mal fini. Il était parti de la maison énerver, ne voulant pas se défouler sur son petit frère. Il n'était rentrer que quelques heures plus tard, avant de s'enfermer dans sa chambre. Le lendemain, il avait attendu qu'ils soient tous les deux partis avant de se lever. Il avait honte de sa réaction, c'est vrai. Il avait alors prit son café et sa clope du matin, enfin, du début d'après-midi, car au final, cette histoire l'avait fait couché bien tard et donc lever plus tard. Bref. Il était maintenant le début d'après-midi, environ, et Valérian était bien occupé. Il était à l'étage, dans la chambre de ses parents, en train de faire le tris. C'était quelque chose qu'il faisait assez régulièrement quand son frère et sa soeur était hors de la maison, il ne voulait pas leur imposer ceci, il préférait s'en occuper. D'autant plus qu'il y avait une tonne de paperasse de partout, de quoi s'y perdre !

Sortant un nouveau carton de dessous le lit, il l'ouvrit à l'aide du couteau qu'il avait embarqué avec lui avant de s'assoir par terre, sur le parquet, commençant distraitement à sortir les objets, petit à petit. Encore une fois, il y avait une tonne de papiers. Il était tellement concentré dans ce qu'il faisait qu'il n'entendit pas la porte d'entrée s'ouvrir, non, il était bien trop occupé à faire attention à ne pas jeter quelque chose d'important. C'était d'ailleurs bien dur de savoir quelle chose garder, quelle chose jeter. Il avait un sac poubelle à ses côtés, et avait énormément de mal à le voir se remplir. Il était tombé sur tellement de photos qu'il avait peur d'en revoir d'autres. Trop de souvenirs l'envahissaient à chaque fois, se remémorant les différents passages de sa vie, de leur vie. Une des raisons du pourquoi il préférait être seul quand il devait se confronter à tout ça, il ne voulait pas passer pour un faible devant son frère ou sa soeur, ils n'avaient pas besoin de ça, certainement pas. Alors, il continua et ne vit pas la petite tête brune arriver dans l'encadrement de la porte, il faut dire, elle était des plus discrètes, observant son frère pendant quelques secondes avant d'intervenir. C'était rare de voir Valérian si concentré sur quelque chose, les seuls moments étaient lorsqu'il bossait tout simplement à l'hôpital, dans ses cas là, il était aux aguets, c'est vrai, mais sinon, non.

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Je vais rentrer chez moi. Lasse, je quittai la salle de classe rapidement. Je ne voulais pas que mon professeur le remarque, encore moins le principal. J'allais sécher le cours de Français. Oui, une première. Sécher les cours, moi ? C'était tout simplement impossible. Je préférais de loin agoniser en cours plutôt que m'absenter. Mais aujourd'hui, je n'en pouvais plus. Ma tête me faisait tellement mal que je sentais qu'elle allait bientôt exploser. Je manquais de sommeil et je n'avais donc plus la force nécessaire pour me concentrer. La raison de cela ? Je l'ignore. J'ai sûrement attrapé une grippe ou un froid. Dans tous les cas, il fallait que je rentre chez moi le plus tôt possible. Cela me prit d'ailleurs vingt minutes pour me rendre à la maison. A cette heure, la maison devait être déserte. Valérian était sûrement encore au travail et Mathéo traînait avec sa nouvelle bande de copains. Mathéo.. mon cher Mathéo. Cette pensée m'arracha une grimace suivie d'un soupir. Le fait de m'éloigner autant de mon frère me terrifiait de plus en plus. Cette distance qui nous séparait s'agrandissait au fil du temps. On devenait de parfaits étrangers. On ne s'adressait plus la parole. Dire qu'avec Valérian c'est devenu le contraire. Certes, c'est bien. Mais je ne veux en aucun cas perdre Mathéo. Je veux dire, suis-je obligée d'être proche d'un seul frère et en perdre l'autre au passage ? Triste. Au lieu d'être soudés, proches, solidaires pour pouvoir affronter cette période critique. Nous voila séparés, de parfaits étrangers. Si seulement maman et papa étaient encore là. Merde. Manquant de me casser la gueule en trébuchant devant la porte, je grimaçai à nouveau en voyant l'état bordélique du salon. Faudrait vraiment que je range un peu tout ce bazar. Valérian serait de retour à une heure plutôt tardive et je ne veux en aucun cas qu'il soit obligé de tout nettoyer. Il est déjà assez épuisé à devoir s'occuper de nous et en plus de cela, ranger nos affaires. Quand même pas. Mais pour le moment, j'ai surtout besoin d'une bonne sieste histoire que je me repose un peu. Un bruit provenant de l'étage attira mon attention. Intriguée je montai lentement les marches menant à la chambre de nos parents. Et avec toute la discrétion du monde, je poussai la porte et ouvris grand les yeux en voyant de quoi il s'agissait. Mon coeur manqua un battement - au tout début - quand je vis mon frère agenouillé, plongé dans tous ces documents. Il ressemblait tellement à mon père. Pour l'espace d'une seconde, je crus que c'était lui. Mes yeux se remplirent rapidement de larmes et je les essuyai refusant de pleurer à nouveau. Cependant, cette nostalgie, cette tristesse se transforma rapidement en une douleur beaucoup plus atroce. Une trahison. Voila de quoi il s'agissait. Valérian avait osé toucher aux affaires de nos parents sans même nous demander notre avis ou nous consulter. Et puis qui lui avait donné la permission de fouiller dans les papiers de papa ? Je t'interdis de jeter quoi que ce soit. On va tout garder. Un ton extrêmement sec. Mon visage se crispa soudainement et je croisai les bras ne quittant pas mon frère du regard. Oui, je me sentais comme trahie. Je n'ai pas encore fait le deuil, Mathéo non plus. Je ne vois en aucun cas la nécessité de tout jeter, pas maintenant. Bon sang, il est encore tôt. Ils viennent tout juste de mourir, merde. Un an ? Et alors ? Pour moi, c'est encore trop récent. Je n'arrive même pas à rester dans cette chambre toute seule et Valérian se permet de jeter leurs affaires dans un sac à poubelle ? Grand frère ou pas, je crois qu'on a notre mot à dire nous aussi.

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Lisant les documents, Valérian n'entendit pas sa soeur entrer dans la maison, ni même monter les marches et encore moins se pointer derrière lui. « Je t'interdis de jeter quoi que ce soit. On va tout garder. » Valérian sursauta à moitié reconnaissant la voix de Plùm, il tourna son regard vers elle. Le ton était des plus secs, changeant de la douceur habituelle de sa soeur, et son regard était fermé. C'était toujours ce qui arrivait lorsqu'il s'approchait de trop des sujets tabous, dont les parents. Il grimaça légèrement en reposant les papiers qu'il avait en main, mais il resta assit par terre. « Ne refais jamais ça Plùm, j'ai failli faire une crise cardiaque. » Comment éviter le sujet, la phrase qu'elle venait de lui balancer, c'était une des raisons du pourquoi il faisait ça lorsqu'ils n'étaient pas là. Déjà que pour lui c'était dur, alors il imaginait très bien pour son frère et sa soeur.

« Tu ne devrais pas être en cours toi ? » L'art de changer de sujet est un art que tout le monde ne contrôle pas, d'autant que Valérian savait pertinemment qu'elle n'allait pas lâcher le sujet aussi facilement la brune. Elle était bel et bien une Maltais la petite ! Alors oui, ils allaient devoir parler de ce qu'était en train de faire le brun. « Bon, ok, ce n'est pas la première fois que je fais ça, et pourtant, il faut bien le faire, il y a des tonnes de papiers importants qu'il faut que je garde. Il y en a qu'on me réclame alors je suis obligé de trier. » Oui, il devait se justifier, surtout vu le regard qu'elle lui lançait. « Tu ne devrais pas être là Plùm, je peux m'en charger seul. » Non, il ne voulait pas qu'elle se prenne la tête avec ça, mais maintenant qu'elle savait, il ne savait plus, lui, comment faire. Cette chambre prenait ma poussière depuis un an, elle était toujours fermée à clés, et personne n'osait entrer; Valérian en avait mis du temps avant de faire le premier pas, c'est vrai, et rester longtemps tout seul, dans cette pièce, ce n'était pas facile, mais il s'y était fait, avec le temps. Il regardait toujours sa soeur, avant de finalement se lever pour lui faire face, lâchant définitivement les documents qu'il était en train de feuilleter. Il avait d'ailleurs apprit pas mal de choses, intéressantes ou non, en tous les cas, tout le monde avait ses secrets, ce n'était pas un mythe. Il se releva donc, et lui fit face, quelques instants, elle avait une sale mine cette petite. Malade ? Ou trop choquée de voir son frère jeter des choses appartement à leurs parents. Peut-être un peu des deux, c'est ce qu'il se dit en tous les cas.

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Ne refais jamais ça Plùm, j'ai failli faire une crise cardiaque. Je ne l'avais pas fait exprès. J'ai toujours été extrêmement discrète, depuis toute petite. Contrairement à mes frères, je suis la plus douce et surtout la plus calme des trois. Impassible, je n'exprimai la moindre émotion suite à la remarque de Valérian. Ce dernier d'ailleurs enchaîna les répliques l'une après l'autre tenant - en vain - de changer de sujet. J'affichai un sourire moqueur, vide d'émotion. Je le connais par coeur. Je sais qu'il fait toujours ça quand il essaie de fuir un problème ou un quelconque sujet le mettant mal à l'aise. Le pire, c'est qu'il me le fait à moi maintenant. Moi, Plùm , sa petite soeur qui le connait par coeur. Il me demanda alors si je devais être en cours ou pas. Ceci m'arracha une grimace. C'était à moi de changer de sujet, là. Si jamais il se rendait compte que j'avais séché un cours, il allait s'énerver. Pas que je crains qu'il me gueule - c'est mon frère après tout, pas mon père. C'est juste que là tout de suite, j'en ai pas vraiment la force. Je suis bien trop fatiguée pour me quereller avec lui. Je préférai donc me taire attendant qu'il évoque un autre sujet ou plutôt qu'il réponde à ma question. Il ne tarda d'ailleurs pas à le faire. Bon, ok, ce n'est pas la première fois que je fais ça, et pourtant, il faut bien le faire, il y a des tonnes de papiers importants qu'il faut que je garde. Il y en a qu'on me réclame alors je suis obligé de trier. J'hallucine. Et en plus ce n'était pas du tout la première fois. Et il osait le répéter d'un ton aussi calme ? Mais qu'est-ce qui se passe ici ? Suis-je un peu trop sensible ou quoi ? Je fronçai les sourcils avant d'aspirer une bonne bouffée d'air pour me calmer. Cela ne servait absolument à rien de m'énerver et de m'engueuler avec mon frère tout de suite. A peine m'étais-je calmée qu'il me lâcha qu'il pouvait s'en occuper tout seul. Misère. Il n'aurait jamais dû dire ça. Vexée, je fis un pas en avant pour lui faire face. Pourquoi ? Je ne suis plus un enfant, Val'. Arrête de vouloir me protéger. J'ai autant le droit que toi de voir tous ces documents. Je plissais les yeux sentant une bouffée de chaleur monter en moi. Ma tête recommença à me faire mal. Je la secouai doucement me forçant à me concentrer. Ce n'était pas le moment de me reposer ou de tomber malade, merde. Concentre-toi, Plùm. Et vide-moi ce sac, on ne va rien jeter. Tu as compris ? Agressive ? Un peu, oui. Quand il s'agit de mes parents, je perds tous mes moyens. Je ne me reconnais même plus. Je dois aussi avouer que c'est sûrement cette fièvre ou début de grippe qui commence un peu à me pousser à bout. Mais tout de même, Valérian commençait vraiment à m'énerver.

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Valérian tentait de faire partir sa soeur, en lui disant qu'il n'avait pas besoin d'elle, ce qui était vrai, il préférait nettement qu'elle vague à ses occupations plutôt qu'elle s'occupe de ce genre de choses, il pouvait et devait s'en charger seul. C'était pour les préserver, pour la préserver. « Pourquoi ? Je ne suis plus un enfant, Val'. Arrête de vouloir me protéger. J'ai autant le droit que toi de voir tous ces documents. » Il soupira, elle n'allait pas lâcher le morceau, il commençait à en avoir conscience, alors il leva les yeux au ciel. « De toutes manières, qu'importe ce que je te dirai, tu n'en feras qu'à ta tête, et puis, comme l'a si bien dit Mathéo, je ne suis pas votre père, alors, faites donc ce que vous voulez. » Il n'avait pas dit cela sur le ton d'un reproche, ce n'en était pas un, c'était juste que voilà, il avait comprit qu'il n'avait pas le droit de les protéger, du moins, pas autant. Il l'observais du coin de l'oeil, et sentit quelque chose qui ne lui plaisait pas vraiment. Elle n'avait pas l'air bien, était-ce sa faute ? Oui, il le pensait.

« Et vide-moi ce sac, on ne va rien jeter. Tu as compris ? » Il ne lui laissa pas plus de temps pour s'énerver, empoignant le bas du sac poubelle, il le souleva, laissant alors le contenu se déverser dans la pièce, d'une vitesse assez élevé. Il regarda le travail qu'il faisait depuis maintenant une bonne heure être réduite en cendre. Génial. Mais si c'était ce qu'elle voulait, tant mieux. Ce qu'il avait jeté ? Des vieux calendriers des années précédentes, des vieux chéquiers, ou autres trucs de ce genre qui ne servait pas à grand chose entre autre. « Voilà, contente princesse ? » Ironie, quand tu nous tiens. Il s'approcha légèrement d'elle, portant sa main vers son visage, il lui remit délicatement une mèche en place. Sa petite soeur. Il l'aimait tellement, il était prêt à beaucoup pour elle, et la voir s'énerver pour ça, à cause de lui, merde, il en avait assez prit avec Mathéo, il ne voulait pas qu'elle aussi se retourne contre lui. Il n'avait pas besoin de ça. « La dispute d'hier m'a amplement suffit, je n'ai pas besoin que tu m'en balances aussi alors, si tu veux participer, et bien, participes d'accord ? » Non, une autre, trop peu pour lui. « Surtout que si tu es à la maison au lieu d'être en cours, c'est que tu as une bonne raison. Je me fiche que tu sèches un cours, crois-moi, j'ai fait bien pire, tant que ce n'est pas ... Comment on dit, répétitif ? » Il lui lança un sublime sourire compatissant, il était légèrement amusé, car il connaissait sa soeur, il savait qu'elle n'était pas du genre à sécher les cours pour rien. Mais elle avait ses raisons, et il partait du principe que si elle voulait les lui dire, elle viendrait d'elle même. Elle se confiait suffisamment à lui pour qu'il n'est pas besoin de la forcer.

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De toutes manières, qu'importe ce que je te dirai, tu n'en feras qu'à ta tête, et puis, comme l'a si bien dit Mathéo, je ne suis pas votre père, alors, faites donc ce que vous voulez. La dernière partie de sa phrase me fit l'effet d'une dague enfoncée en plein coeur. Bien évidemment j'étais parfaitement consciente qu'il n'était pas notre père mais de là à me dire qu'on pouvait faire ce qu'on désirait me vexa. Oui j'ai toujours été comme ça très perdue, distraite; ne pouvant me décider. D'une part le fait que Valérian soit extrêmement proche de nous m'emmerde et d'une autre je veux à tout prix qu'il me prouve qu'il nous lâchera pas. Enfin bref, ce dernier vida rapidement le sac tout en me faisant remarquer qu'il n'avait guère besoin d'une autre dispute. Apparemment, il s'était pris la tête la veille avec Mathéo. Je n'étais pas à la maison heureusement donc je n'y ai pas assisté. Voilà, contente princesse ? Sa réplique me fit arracher un sourire. Bien que ce soit ironique j'adorais comment il m'appelait princesse. J'étais sa petite soeur chérie, je savais très bien que je comptais énormément pour lui. Je pouvais me rendre compte qu'il était parfois maladroit en ses gestes, comportement avec Mathéo et moi. Il me rappelait mon père sans cesse. La vie de Val' venait de se transformer, de se chambouler en l'espace d'un instant: le jour de la mort des mes parents. Je savais donc à quel point c'était dur pour lui. Et bien que je paraissais extrêmement bitch et ingrate à ce moment, cela n'était pas du tout ma vrai nature. D'ailleurs son sourire, sa présence me poussa à changer d'humeur rapidement. Je souris à nouveau quand il s'approcha de moi avant de m'effondrer dans ses bras. La fatigue s'emparait de moi de plus en plus rapidement. La fièvre m'affaiblissait et les affaires de nos parents éparpillées un peu partout sur le sol ne faisaient qu'aggraver la situation. Je suis désolée, Valou. Je me suis laissée emportée. J'étouffais un sanglot avant d'ajouter doucement: J'arrive toujours pas à croire qu'on les a perdu pour toujours. Je... Ma voix s'éteignit.

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Il s'était approché de sa soeur, avant de la prendre dans ses bras, les renfermant autour de son petit corps tout frêle. Sa soeur, c'était sa vie. Comme Mathéo. C'était sa vie maintenant, il ferait tout pour eux, pour les protéger, pour les empêcher de souffrir, car d'après lui, ce qu'ils avaient vécu n'aurait jamais du se passer. Jamais. Il ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable. Oui, il avait détesté leur père, longtemps, sans profiter de lui, il se privait de voir leu mère, ne voulant pas croiser l'homme de la famille. Et maintenant. Et bien, c'était trop tard.
« Je suis désolée, Valou. Je me suis laissée emportée. » Il entendit un sanglot, et sentit son coeur se déchirer. Elle pleurait, ou tout du moins, était bien trop mal. Ca lui fit tellement mal au coeur qu'il l'enferma un peu plus dans ses bras, comme pour apaiser ses maux, ses problèmes, ses soucis, ses douleurs. Il plaça doucement sa main contre la tête de sa soeur, faisait des petits mouvements dans ses cheveux bruns pour l'apaiser. « J'arrive toujours pas à croire qu'on les a perdu pour toujours. Je... » Elle ne continua pas, ne pouvant pas. Il ne dit rien, la serrant dans ses bras. Oui, il comprenait, oui, il ressentait la même chose, et non, il n'avait pas encore trouvé de solution pour tout arranger. Vraiment pas.« Je sais Plùm ... Je sais. » Lui murmura-t-il, doucement. .« Il faut pas qu'on se prenne la tête comme ça, je vais faire des efforts, je vais essayer de ne pas jouer au con tout le temps. Mais tu dois savoir que si je le fais, c'est que je crois bien faire. C'est pour te protéger, vous protéger tu sais. Mais j'ai vraiment l'impression que je m'en sortirai pas. » Il marqua une pause, avant de se reculer légèrement, pour la regarder dans les yeux. .« Va te reposer ma belle, je vais m'occuper de ça, je peux le faire, tu n'as pas besoin de ça, et promis, je ne vais rien jeter. Ou au moins, va prendre un doliprane, ça ne te fera pas d'mal. »

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Mathéo salua ses amis et commença à s'éloigner de plus en plus rapidement. L'atmosphère du lycée commençait véritablement à le peser. Et pas que. A la maison, l'ambiance était tout aussi électrique. Pas plus tard que la veille, le jeune homme avait eu une discussion houleuse avec son frère. Bon, il l'avait cherché. Mais c'était plus de l'auto-défense qu'autre chose. Parce que sinon, le sujet de ses parents allait encore revenir sur le tapis. Et ça, il ne le voulait pas. Il est était hors de question. Tous parlaient d'un changement chez lui par rapport à cela. Mais lui-même n'en voyait pas, alors, à quoi bon s'acharner ? Mathéo n'avait que les mots blessant pour faire face aux questions qu'on lui posait. Il ne pouvait pas s'en empêcher. Il n'avait pas envie d'en parler, avec personne. C'est vrai que c'était un sujet difficile pour lui. Car il ne s'en était toujours pas remis. Il tentait de faire passer cela, de se dire qu'il fallait passer à autre chose. Mais il n'y parvenait pas. Et cela le renfermait sur lui-même un peu plus chaque jour.
La communication avec son frère, mais également avec sa soeur, n'était donc pas aisée. Le lien qu'il entretenait enfant avec cette dernière se déliait petit à petit. Mais Mathéo n'arrivait pas à reprendre sa vie comme avant et à lui parler avec autant de facilité. Il ne savait même pas réellement si elle en souffrait car il se faisait de moins en moins présent. Il savait d'ailleurs qu'à l'instant où il passerait la porte d'entrée tout à l'heure, son seul but serait d'atteindre sa chambre sans croiser personne. Chose difficile mais possible vu qu'il y parvenait depuis plusieurs mois à présent.
Il accéléra quelque peu, peut-être aurait-il la chance de ne croiser personne à cette heure-ci. Pour sa part, les cours étaient terminés, ayant étude en dernière heure. Et puis, de toute manière, il n'était pas réellement allé en cours aujourd'hui. Il avait préféré rester dehors avec plusieurs autres garçons de sa classe dont son meilleur ami. Quand il y pensait, ce dernier non plus n'arriver pas à le cerner. Le caractère de Mathéo avait changé mais il était toujours là alors que le jeune Maltais passait souvent ses nerfs sur lui. Et il en était soulagé. C'était ça, le pire dans l'histoire. C'était que Mathéo prenait en quelque sorte conscience qu'il avait changé. Que cet évènement l'avait changé. Et pourtant, il ne réussissait pas à refaire surface et ne cessait de perdre une à une les personnes qu'il aimait.

La maison familial ne se trouvait plus bien loin et en quelque pas il y fit face. Poussant un soupir, il s'avança avec de plus en plus d'appréhension. Même revenir ici devenait une corvée. Il n'avait envie de voir personne. De toute manière, tous s'en sortaient très bien sans lui. Il monta les marches et passa la porte d'entrée qu'il laissa retomber lourdement. Il ne semblait y avoir personne ici et il loua le Seigneur pour cela. Mais à peine avait-il fait quelques pas pour rejoindre l'escalier qu'il entendit du mouvement à l'étage. Il se stoppa et fronça les sourcils. Forcément son frère devait se trouver ici. Mathéo ne connaissait malheureusement pas ses horaires. Ne se laissant pas démonter par le fait que la porte d'entrée avait dû faire finalement plus de bruit qu'il ne l'aurait souhaité, il monta à son tour à l'étage. Il prit directement la direction de sa chambre avant de s'arrêter, la main sur la poignée. Il tourna la tête vers l'autre bout du couloir et s'aperçut que la porte de la chambre de ses parents était ouverte. Ses yeux s'écarquillèrent. Cette pièce n'avait pas été ouverte depuis leur décès. Ni Plùm, ni Valérian ou même lui n'avait osé y entrer. Surtout pas seul sans les deux autres. Mathéo pensait qu'ils auraient au moins fait ça ensemble.
Le jeune homme lâcha son sac au sol et marcha rapidement vers la pièce. Il poussa la porte et s'aperçut que son frère n'était pas seul. Sa soeur était également présente. Son regard se posa sur le sol, près de leurs pieds. De nombreux papiers y étaient entreposés. Les papiers de ses parents. Chéquiers, documents officiels. Il put même apercevoir furtivement une photographie de sa mère avant de reposer un regard noir sur Valérian et Plùm. « Qu'est-ce que... » Il avait du mal à contenir sa colère. Sinueuse, elle commençait à prendre pleinement contrôle de lui. « Mais qu'est-ce que vous foutez ?! Ce sont leurs affaires ! Vous n'avez pas le droit d'être là ! »

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Il faut pas qu'on se prenne la tête comme ça, je vais faire des efforts, je vais essayer de ne pas jouer au con tout le temps. Mais tu dois savoir que si je le fais, c'est que je crois bien faire. C'est pour te protéger, vous protéger tu sais. Mais j'ai vraiment l'impression que je m'en sortirai pas. Ta réplique me calma et me troubla à la fois. Dans tes mots, je pus deviner ta frustration, ta fatigue et ta crainte à la fois. Perdu, indécis tu l'es Valérian. Tu ne sais plus sur quel pied danser. Tu doutes, tu trébuches, tu culbutes. Tu as peur de nous perdre; de ne pas prendre bien soin de nous. Nos caprices, nos caractères bien trop différents ne font que t'effrayer d'avantage. D'une part il y a moi et d'une autre il y a Mathéo. Il y a ta vie aussi, ne l'oublie pas. Comment pourras-tu faire l'équilibre entre toutes ces choses à la fois ? Je l'ignore. J'ai peur pour toi Valou. J'ai mal. Je sais à quel point tu souffres; à quel point c'est dur. Ils n'auraient jamais du partir et nous abandonner de la sorte. Ils n'auraient jamais du te donner toute cette responsabilité d'un coup et te voler ta vie au passage. La vie est tellement cruelle. Ne t'inquiète pas. Pour le moment, tu t'en sors à la perfection. Je t'adresse mon plus beau sourire essayant de te calmer, de te rassurer. Hélas, Mathéo débarqua en un très mauvais timing. La portée s'ouvrit à la volée et il faillit s'étrangler en voyant de quoi il s'agissait. Je fis une grimace. Bombe à retardement qu'il est , il ne va pas tarder à exploser. On n'a pas communiqué depuis longtemps tous les trois. Spécialement mon jumeau et moi. Bien que cela me tue de remarquer que notre relation ne fait que se détériorer de jour en jour; je me retrouve incapable de faire quoi que ce soit. Mais qu'est-ce que vous foutez ?! Ce sont leurs affaires ! Vous n'avez pas le droit d'être là ! Oui, on le sait déjà. Mathéo eut la même réaction que moi et cela me fit mal de me rendre compte à quel point on se ressemble tous les deux. A quel point on était inséparables et proches. Je me détachai de l'étreinte de Valérian pour poser maladroitement ma main sur l'épaule de Mathéo. Hésitante, me voila à présent indécise et maladroite quand il s'agit de discuter avec mon propre frère, mon jumeau, ma moitié. Malheur. Calme-toi, Mathéo. Valérian ne faisait que nous protéger. Il voulait nous épargner de ranger tout ceci. Colérique, je sais que Mathéo ne le croira pas; ne se calmera pas. Mais que faire ? Apparemment, les disputes ne cesseront jamais dans cette famille.

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