CONFIDENCES & GUEULE DE BOIS

Julie était chez elle en train de réviser ses cours de sciences physiques depuis plus d'une heure et demi. Et elle n'y comprenait rien. Elle n'avait jamais été douée pour les sciences et l'espace d'un instant, l'idée qu'elle avait fait le mauvais choix en se lançant dans des études de musicologie lui traversa l'esprit. Pour être parfaitement honnête, elle trouvait la plupart des matières enseignées inutiles. Depuis quand la physique était-elle nécessaire pour comprendre la musique ? Depuis quand la physique était-elle nécessaire tout court, d'ailleurs ? C'était une littéraire dans l'âme, une artiste. Elle, elle jouait avec les mots et les notes de musique, pas avec des symboles ou des chiffres. Désespérée, elle referma son cahier et décida d'aller chercher de l'aide auprès de Castiel. Il était étudiant en médecine, il devait être calé en mathématiques, en physique et dans tous les autres domaines qui la dépassaient totalement. Il pourrait sans doute l'aider. Elle pariait même qu'il trouverait cette foutue équation d'une facilité déconcertante et qu'il ne manquerait pas de lui rappeler qu'elle était vraiment nulle en physique. Qu'importe, elle était prête à tout pour essayer d'y voir plus clair et d'avoir des notes potables à ses examens. Histoire de prouver à sa mère qu'elle avait fait le bon choix en la laissant s'installer à Biarritz toute seule, comme une grande fille.

Elle rangea ses affaires en vitesse et sortit de son appartement pour regagner la maison de son ami. Elle n'avait pas pris la peine de lui téléphoner pour l'avertir de son arrivée mais elle espérait qu'il serait là. Si ce n'était pas le cas, elle était prête à l'attendre toute la nuit devant sa porte s'il le fallait - au risque de passer pour une psychopathe, ou un truc dans le genre. Une fois devant la maison de Castiel, elle appuya sur la sonnette et attendit patiemment qu'on vienne lui ouvrir.

✖ La journée s'était plutôt bien passé pour notre petit Parisien. Non, disons qu'elle s'était passée tout court. Aujourd'hui, tout pile, cela faisait deux ans. Deux ans que ses parents étaient morts. Deux ans que sa mère avait achevé son père avec une balle, s'infligeant la même chose en retournant l'arme contre elle. Deux ans qu'il était devenu orphelin, et qu'il se battait pour que ça se voit au moins. Toute la journée, il avait tenu le coup. Il avait évité d'écrire la date, il s'était occupé les neurones suffisamment pour mettre de côté tout ça. Néanmoins, il n'était pas dupe. Il y passerait dès la nuit tombée. Quand il était rentré, il avait de suite appelé le livreur de pizzas. La flemme de se cuisiner quelque chose. Pas ce soir. Mince, il avait bien le droit d'être flemmard et d'avoir envie d'une pizza non ? Il appela alors & revint dans le salon. Il se laissa tomber dans le canapé, les yeux rivés sur sa télé éteinte. Il sentit le frisson habituel le parcourir et il ferma les yeux, prêt à encaisser les souvenirs qui allaient remonter. Les cris de dispute. Son nom dans les accusations. Et lui et son impuissance, en train d'essayer de forcer la porte. Dix-huit ans, bordel. Il sentit de longs sanglots monter dans sa gorge, emprisonnant toute émotion à l'intérieur de lui. Il ouvrit les vannes ; après-tout il était seul chez lui, il n'en avait strictement rien à faire. Les larmes se mirent à rouler très très vite. De longs sanglots le prenaient et voilà notre grand gaillard en train de pleurer comme un gosse. Au bout de dix minutes, toujours pas calmé d'ailleurs, on sonna à la porte. A travers ses yeux embués, il regarda l'heure. Le livreur était en avance. Il se leva, ne cherchant même pas à dissimuler sa faiblesse. A la limite, j'vais vous dire, il s'en foutait un peu que le livreur le voit comme ça ou pas. Il se traina jusqu'à la porte et ouvrit.

Bon ok, il ne s'attendait pas du tout à se retrouver devant... Julie. Une camarade, une amie de passage qu'il appréciait bien, quelqu'un qu'il croisait souvent à la fac. Quelqu'un qu'il, justement, risquait de croiser pas mal de fois. Et il n'était pas nécessaire d'avoir un bac 12 pour apercevoir les trainées que les larmes laissaient sur le visage de notre petit Apollon. Il la regarda un moment, la dévisageant, puis se reprit et d'un revers de la main désinvolte, essuya son visage avant de se racler la gorge. « Julie ? Euh... je peux faire quelque chose ? » demanda-t-il, un peu déboussolé parce qu'il ne s'attendait pas à avoir de la visite, pas aujourd'hui, pas alors qu'il s'était laissé aller comme il ne le faisait jamais.

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Lorsque la porte s’ouvrit enfin, Julie se retrouva nez-à-nez avec un jeune homme qui n'avait pas grand chose à voir avec son ami. Il lui ressemblait trait pour trait, bien sûr, mais le sourire qu'il affichait d'habitude avait laissé place à une vulnérabilité qu'elle ne lui connaissait pas. Incapable de dire quoi que ce soit tant elle avait été surprise, elle le regarda fixement pendant de longues secondes. Rester ? Partir ? Faire comme si de rien n'était ? Elle ne savait pas vraiment quelle attitude adopter. Puis il balaya ses larmes d'un revers de main et lui demanda s'il pouvait faire quelque chose pour elle. Oui. Enfin non... En fait, elle ne savait plus vraiment pourquoi elle était venue. Tout ce qui comptait à présent, c'était savoir pourquoi il était si bouleversé. « Hey mais… Qu’est-ce qu’il se passe ? » Sans prendre la peine d'attendre sa réponse, elle le prit dans ses bras pour essayer de le consoler. Elle avait toujours eu du mal à gérer la peine des autres parce qu'elle avait l'impression de la ressentir aussi. Elle le serra contre elle quelques secondes puis relâcha son étreinte pour pouvoir le regarder dans les yeux. « Allez viens, tu vas tout me raconter. Et je te préviens : interdiction de me dire que c'est rien ou de m'envoyer balader sous prétexte que ça ne me regarde pas », dit-elle gentiment en l’entraînant à l’intérieur de la maison. Exit l'exercice de physique et sa nullité affligeante pour la science. À présent, elle voulait juste passer du temps avec lui et lui remonter le moral coûte que coûte. C'était à ça que servait les amis, non ?

Elle le fit asseoir dans le canapé et prit place à côté de lui, le regardant avec attention. Ils n'étaient pas les meilleurs amis du monde et elle n'était pas sûre qu'il accepte de se confier à elle. Elle pourrait très bien le comprendre d'ailleurs, parce qu'elle détestait étaler sa vie et ses problèmes, même à ses amis. Seulement, elle se devait d'essayer de le faire parler. S'il avait envie de lui raconter ce qui la tracassait au point de le faire pleurer, elle l'écouterait avec plaisir. Si non, elle n'insisterait pas. Enfin, presque pas... Elle ne s'avouait pas vaincue facilement et elle était persuadée que parler lui ferait du bien. « Alors ? », demanda-t-elle doucement sans le quitter des yeux.

✖ Il la dévisageait en silence en attendant qu'elle lui réponde. Et il se maudissait. Bon sang, comment avait-il pu craquer ? Comment avait-il pu se montrer faible comme ça devant quelqu'un d'autre ? Il inspirait à fond pour se calmer et qu'il ne reparte pas, pas là devant elle. « Hey mais... qu'est-ce qu'il se passe ? » Il baissa rapidement les yeux. En même temps, il avait été naïf de croire qu'elle ne remarquerait rien. La peine était inscrite sur son visage comme un tatouage, aucun moyen de faire celui qui n'avait rien. Pourtant, insolent, il tenta. « Oh rien, je... j'avais un truc dans l'oeil et... » Il ne poursuivit même pas en voyant son expression. Bien sûr qu'il mentait & puis c'était une excuse bien pitoyable. Un truc dans l'oeil. Le coup du petit doigt de pied cogné comme un meuble aurait même mieux marché, mais il n'avait pas la tête à chercher une bonne excuse. D'ailleurs, avant même qu'il ait pu tenter de se justifier une nouvelle fois, elle le serra dans ses bras. Cette étreinte lui rappela sa mère, si douce, si tendre... et un long sanglot monta de sa gorge, ses larmes recommençant à couler. Il ne chercha même pas à se retenir, cette fois c'était foutu. Il la serra encore plus fort contre lui, pleurant dans ses bras comme un gosse. La honte lui brûlait l'échine, mais il n'avait pas réussi à se retenir. Puis alors, elle l'entraîna à l'intérieur comme si c'était chez elle & non chez lui et le fit asseoir sur le canapé. Ses larmes avaient cessé de couler mais son regard était encore hasardeux et perdu, posé quelque part dans le vide. Il ne la connaissait pas tant que ça, mais quelque part, c'est justement ce qui le poussait à s'ouvrir à elle. « Alors ? » Il releva alors son regard embué vers elle. Il se mordilla légèrement la lèvre, soupirant. Il capitula. Il avait besoin de parler. De raconter ça à quelqu'un, peu importait si ce n'était pas à ses meilleurs potes. « Rien, c'est juste que... c'est l'anniversaire de la mort de mes parents, et... e-et... » De nouveau, sa gorge se noua & aucun autre son n'en sortit, ses larmes se remettant à s'échapper de ses prunelles qui criaient à l'aide. Il inspira à fond, espérant que ça le calmerait. « Mais tu dois être venue pour autre chose j'imagine. Je ne veux pas t'embêter avec ça, ni te retenir ou quoi que ce soit. » dit-il en haussant les épaules, le regard fuyant alors qu'en réalité, il priait pour qu'elle reste & qu'il ne se retrouve pas seul chez lui.

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« Rien, c'est juste que... c'est l'anniversaire de la mort de mes parents, et... e-et... » Le cœur de Julie se compressa. Elle n'était pas au courant qu'il avait perdu ses parents... En y réfléchissant bien, il ne lui avait jamais parlé de sa famille. Et elle n'avait jamais trouvé cela étrange parce que même s'ils s'appréciaient, ils n'étaient pas les meilleurs amis du monde et qu'en règle générale, on ne racontait pas sa vie au premier venu. Elle le regarda sans rien dire pendant quelques secondes, cherchant les mots justes pour pouvoir le réconforter un peu. « Je suis désolée... » Super original. C'était la phrase bateau que l'on sortait à chaque fois qu'on ne savait pas quoi dire dans ce genre de situation. Sauf qu'elle, elle ne disait pas cela pour faire bien. Elle était sincèrement triste et désolée pour lui mais rien de ce qu'elle pourrait dire ne lui rendrait ses parents et elle préférait reste silencieuse que de se lancer de un long discours qui le rendrait encore plus malheureux. « Mais tu dois être venue pour autre chose j'imagine. Je ne veux pas t'embêter avec ça, ni te retenir ou quoi que ce soit. » Julie haussa un sourcil malgré elle. Oui, elle était venue pour autre chose. Mais cela n'avait plus la moindre importance. Elle allait rester et lui tenir compagnie jusqu'à ce que cette horrible journée soit terminée. « Comme si tu allais te débarrasser de moi aussi facilement... Tu rêves, mon pote », sourit-elle pour essayer de détendre un peu l'atmosphère. Elle posa sa tête contre l'épaule du jeune homme pour lui témoigner son soutien et prit sa main dans la sienne. Ce n'était pas grand chose, certes, mais c'était de cette façon que sa mère la réconfortait quand elle était petite ; elle espérait que cela aiderait à calmer ses sanglots. « Tu as envie d'en parler ? » Elle avait toute la nuit devant elle pour l'écouter, et elle le ferait avec plaisir s'il ressentait le besoin de se confier.

Le jeune homme esquissa un petit sourire. Même s'ils ne se connaissaient pas des masses, il avait toujours apprécié la croiser dans les couloirs. Ils s'entendaient plutôt bien, puisqu'ils avaient cette faculté tous les deux de détendre n'importe quelle atmosphère ou ambiance crispée, comme elle venait de le faire à l'instant. Néanmoins, cela devait bien être la première fois qu'elle le voyait ainsi, si sombre & désespéré, car jamais ô grand jamais il ne s'était permis de se montrer faible. Il frémit doucement en sentant son épaule contre la sienne & il posa alors sa tête contre celle de Julie avec un faible soupir. Cela ne le gêna pas qu'elle prenne sa main dans la sienne ; il était d'un naturel si tactile que ça ne le dérangeait plus du tout ce genre de gestes et que c'était pour lui presque naturel. Il serra doucement sa main dans la sienne, ne bougeant pas, le regard perdu au loin. « Eh bien... c'était un soir où je n'étais pas là, je rentrais tout juste quand j'ai entendu quelques bruits d'une dispute. Ils s'engueulaient souvent, en ce moment ça n'allait pas fort dans leur couple mais bon.. J'ai essayé d'entrer mais la porte d'entrée était fermée à clé. J'ai attendu, puis au final, les cris ont redoublé d'intensité... quand j'ai saisi mon nom au milieu de la conversation, j'ai voulu essayer de forcer la porte mais je n'y arrivais pas.. » Il marqua une pause. Alors qu'il aurait cru que raconter tout ça le ferait pleurer de plus belle, ça semblait lui ôter un poids des épaules. « Et puis j'ai entendu un coup de feu. J'ai réussi à forcer la porte & j'ai trouvé ma mère dans le salon, le visage affolé et tétanisé, une arme dans la main, mon père à ses pieds,... mort. Elle m'a regardée, m'a faite comprendre d'un regard qu'elle était désolée mais qu'elle ne pourrait jamais... se remettre de ça et elle a retourné l'arme contre elle. » Il inspira à fond & se détacha doucement d'elle pour la regarder, ne sachant même pas pourquoi il s'ouvrait à elle comme ça, si facilement, alors qu'il avait toujours éprouvé une certaine distance vis-à-vis de ce genre de discussion. Il se racla la gorge. « Qu'est-ce que tu dirais d'un bon verre, histoire de... de parler d'autre chose ? » demanda-t-il en désignant la cuisine, le regard toujours un peu embué.

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Comme promis, elle l'écouta raconter son histoire sans l'interrompre. De toute façon, même si elle avait voulu parler, elle n'aurait jamais pu : elle était bien trop choquée pour dire quoi que ce soit... Elle comprenait parfaitement pourquoi le souvenir de ce jour était le dévastait à ce point. Et puis il avançait dans son récit, plus elle l'admirait ; elle n’était pas sûre qu’elle aurait eu la force de continuer à vivre après une telle épreuve. Quand il termina de parler, Julie préféra rester silencieuse. Elle avait écouté, il le savait, et elle ne voyait rien à ajouter. Le silence valait parfois plus que des mots, non ? Elle était contente qu’il se soit livré à elle et espérait qu’il se sentait soulagé d’avoir pu parler de cette histoire à quelqu'un. « Qu'est-ce que tu dirais d'un bon verre, histoire de... de parler d'autre chose ? » Elle leva les yeux vers lui. Il avait besoin d'un bon verre pour se changer les idées et elle ne pouvait pas le laisser boire tout seul. Elle hocha la tête pour approuver son idée et esquissa un petit sourire. « Excellente idée ! » Elle ne tenait pas du tout l’alcool mais au fond, elle ne risquait pas grand chose à boire un verre. Et s’ils buvaient plus d’un verre, elle n’aurait qu’à dormir dans le canapé plutôt que de repartir chez elle. C’était aussi simple que cela ! « Pas d’alcool super fort, hein ? Sauf si tu veux que je finisse à danser sur la table basse... » Elle leva les yeux au ciel, pouffant de rire par la même occasion. Elle trouvait quelque chose à dire pour détendre l’atmosphère et dans des moments comme celui-ci, cela s'avérait vraiment utile. Elle voulait qu’il se change les idées, qu’il évite de penser à ces souvenirs qui le hantaient et qu’il se mette à sourire à nouveau. « Tu pars en vacances, au fait ? », demanda-t-elle après quelques secondes, soucieuse de changer de sujet en attendant qu'ils puissent trinquer à cette soirée un peu spéciale.

Roméo avait refusé de se laisser abattre. Après ça, il s'était relevé, il avait décidé de continuer, comme avant. Et il avait surmonté ça. Seulement voilà... il restait au fond de lui quelques plaies encore ouvertes, comme le sujet de la famille, l'anniversaire de leur mort,... Au fond, il lui en fut reconnaissant qu'elle ne s'éternise pas à poser trente questions inutiles juste pour "répondre". Pour lui, c'était mieux. Il sourit quand elle approuva son idée de boire un verre ; au moins c'était certain que ça leur changerait les idées n'est-ce pas ? Ben oui voyons. Il ne se faisait pas de soucis pour ça, de toute façon, Julie l'avait écouté donc si y avait nécessité, elle dormirait ici voilà tout. Il y avait plusieurs chambres chez lui de toute façon, alors... Il lâcha un petit rire en l'entendant, recommençant à se sentir bien comme si rien de tout ça n'avait eu lieu & que cet affreux coup de blues n'était qu'un rêve. Enfin, plutôt un cauchemar à vrai dire. « Ne t'en fais pas, malgré les apparences, je tiens pas du tout l'alcool non plus ! » Il ouvrit ses placards, découvrant avec un grand désarroi qu'il n'avait plus que de la vodka. Il afficha un petit sourire en apportant la bouteille ainsi que deux verres, les déposant sur la table basse devant eux. « Je ne sais pas encore. Pour l'instant, rien de prévu en tout cas... Et toi ? » demanda-t-il alors en lui servant son verre, le lui tendant avec son sourire habituel qui refleurissait déjà sur ses lèvres. « Au futur ? » fit-il en trinquant contre le verre de Julie, buvant ensuite directement le sien cul sec pour se mettre dans l'ambiance. Il voulait que la nostalgie lui passe, et vite ! Il grimaça un peu & posa son verre en se tournant vers elle, souriant.

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Elle était rassurée de le voir sourire et se dit que sa mission était accomplie. Ses larmes avaient séché et il était redevenu celui qu’elle avait toujours connu : un mec souriant et joyeux. « Ne t'en fais pas, malgré les apparences, je tiens pas du tout l'alcool non plus ! » Elle n’aurait jamais pensé qu’il ne tenait pas l’alcool. Peut-être parce que dans son esprit, il n’y avait que les filles qui avaient du mal à boire sans déraper. Ce qui était absurde, quand on y pensait… Enfin bref. Elle se mit à sourire. « Ça va être marrant, alors ! » Elle lui fit un clin d’œil et haussa les épaules quand il lui demanda si elle avait des projets pour cet été. À vrai dire, elle vivait au jour le jour et elle planifiait rarement quoi que ce soit… « Rien de prévu non plus… Au pire on se tiendra compagnie », dit-elle joyeusement. Elle irait peut-être passer quelques jours chez sa mère, mais elle trouvait délicat d’en parler ce soir, alors que son ami avait perdu la sienne deux ans plus tôt. Elle attrapa le verre qu’il lui tendait et se tourna vers lui. « Au futur ? » Elle hocha la tête avec conviction. « Au futur. » Elle porta son verre à ses lèvres et avala son contenu d’une seule traite. Elle n’était tellement pas habituée à boire que l’alcool lui brûlait la gorge. Elle grimaça un peu et reposa son verre sur la table, souriant à son ami. Puis elle prit la bouteille et remplit à nouveau leurs verres. « Je suis curieuse de voir ce que ça donne, quand deux personnes qui ne supportent pas l'alcool prennent une cuite », plaisanta-t-elle en saisissant son verre pour l'avaler cul sec. De toute façon, il faudrait sûrement boire la bouteille entière pour noyer la nostalgie de Roméo. Et ce n'était pas comme s'ils étaient dans une soirée bondée où des dizaines de personnes pourraient la voir faire n'importe quoi. Là, il n'y avait qu'eux deux. Elle ne risquait pas grand chose à boire quelques verres. Dans le pire des cas, elle tiendrait des propos incohérents et finirait par s'endormir sur le canapé. Ce n'était pas si terrible.

Eh oui, il n'y avait pas que des filles qui ne tenaient pas bien l'alcool ! Seulement, un mec généralement c'est plus discret qu'une fille quand c'est bourré, donc ça ne se remarque pas forcément. Ben oui, c'est rarement les mecs qui se mettent à embrasser tout le monde en soirée quoi. « Voilà, on n'aura qu'à se réunir en tant que personnes qui s'ennuient en vacances. » déclara-t-il en riant un peu. Les terribles réminiscences de notre cher castor, pardon, Castiel, semblaient être derrière-lui déjà et plus qu'un mauvais souvenir. En prévision : une soirée tranquille avec une amie ! Il but lui aussi son verre cul sec, et la regarda en souriant. Il se laissa donc resservir et explosa de rire à la remarque de Julie. Il se rapprocha légèrement d'elle sur le canapé et tourné vers elle, lui donna un coup de coude amical. « Eh bien tu sais quoi ? On va vite le savoir je crois ! » déclara-t-il avec un nouveau rire, avant de l'imiter et de boire son verre d'un seul coup aussi. Il grimaça de nouveau, toussotant même parce que bon, de la vodka pur comme ça y avait pas à dire, mais c'était vraiment dégueulasse. Mais déjà, il se sentait plus léger. Il sentait sa vue réagir au ralentit et il sourit, remplissant une troisième fois leurs verres. « En fait, ça m'fait plaisir que tu passes la soirée ici avec moi ! Et je crois que tu vas devoir rester ici et repartir demain matin... » ajouta-t-il avec un nouveau rire. Ben oui, il ne voulait pas non plus qu'elle se tue sur la route ou qu'elle croise un mec chelou, vu que la nuit tombait déjà pas mal. Il l'avala une troisième fois cul sec & se laissa retomber dans le canapé avant de tourner la tête vers elle & de l'observer de son regard chocolat. « J'vais attendre que ça fasse un peu effet, c'est déjà pas mal je pense. »

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Julie commençait déjà à ressentir les premiers effets de l’alcool. La vue qui se brouille un peu, l’impression de tourner au ralenti… Ce n’était pas aussi désagréable qu’on pourrait le croire. Elle s’installa confortablement et regarda son ami remplir leurs verres pour la troisième fois. Elle n'était pas vraiment sûre que ce soit une bonne idée mais une petite fois résonnait dans sa tête et lui disait de se laisser aller. Pour une fois. « En fait, ça m'fait plaisir que tu passes la soirée ici avec moi ! Et je crois que tu vas devoir rester ici et repartir demain matin... » Elle haussa un sourcil, affichant un faux air blasé. « Je suis sûre que ça t’arrange bien. N’essaies pas de profiter de moi, hein ! » Elle prit un air sérieux avant de lui sourire de toutes ses dents pour montrer qu’elle plaisantait. Elle ingurgita rapidement son troisième verre et se laissa tomber dans le canapé. « J'vais attendre que ça fasse un peu effet, c'est déjà pas mal je pense. » Elle hocha légèrement la tête pour approuver, incapable de bouger. Elle était trop bien installée pour faire le moindre mouvement et elle n’était même pas sûre qu’elle y parviendrait, de toute façon. Elle se tourna vers Castiel et le regarda fixement sans rien dire, un sourire aux lèvres. Elle ne savait pas vraiment si c’était à cause de l’alcool ou de ce qu’il lui avait raconté un peu plus tôt, mais elle se sentait bien plus proche de lui qu’ils ne l’avaient jamais été. Et c'était assez plaisant. Elle avait l'impression d'être privilégiée et elle aussi, elle était ravie de passer cette soirée en sa compagnie. Il était vraiment sympa. Et drôle. Et drôlement beau, aussi. Attendez un peu… Depuis quand pensait-elle des trucs comme ça à propos de Castiel ? Elle fronça les sourcils et ferma les yeux, essayant de remettre ses idées en place. « Je crois que j’ai vraiment trop bu », déclara-t-elle en riant.

En fait, c'était même très agréable, du moins du point de vue de Castiel. Il aimait cette sensation de perdre pied, de voir un peu flou, d'être encore conscient mais d'être en même temps quelqu'un d'autre. Enfin, de temps en temps hein, il n'était pas du genre à se bourrer la gueule tous les soirs quoi. Mais là, il en avait eu besoin, et ne pas le faire seul c'était encore plus cool. Il comprit qu'elle plaisantait et il afficha alors un faux air choqué. « Oh mais loin de mon esprit cette idée, voyons. » Non mais il n'avait jamais pensé à ça avec Julie de toute façon. Mais cette remarque le titilla quelque peu, réveillant en lui des pensées qu'il n'avait encore jamais eu pour la jolie brune. Il tourna la tête vers elle, l'observant lui aussi en silence. Il lui sourit aussi, tandis qu'ils s'observaient tous deux dans un silence appréciable. Elle était marrante, gentille surtout, attentionnée... Et puis plutôt jolie. Avec son minois de porcelaine et ses grands yeux noisettes, elle était plutôt attirante même. Il se surpris à observer ses lèvres, qui semblaient si douces... avant que la voix de Julie ne l'arrache justement à ses pensées étranges. Était-ce l'alcool qui les faisait naître dans sa tête ? Il secoua la tête avec un petit rire. « Moi aussi je crois... » répondit-il en essayant de se lever pour une raison inconnue, chancelant et retombant heureusement sur le canapé, juste à côté de Julie. Il explosa de rire comme un enfant, relevant son visage taquin vers elle, constatant que leurs visages étaient très très proches. Il ne bougea pas, se contentant de plonger dans son regard avec une lueur espiègle dans le regard.

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Si elle avait remarqué qu’il louchait sur ses lèvres ? Non, pas vraiment. Elle était bien trop occupée le regarder. Enfin, à le dévorer du regard serait plus approprié vu la façon dont elle l'avait regardé... L’alcool et elle, ça ne faisait vraiment pas bon ménage ! Castiel se leva sans crier gare et Julie amorça un mouvement pour se redresser un peu, en vain. Elle était incapable de bouger d'un centimètre et elle passerait sans doute la nuit entière avachie dans ce canapé. « Où tu vas ? » Elle avait toujours été curieuse et elle se demandait pourquoi il avait soudainement décidé de se lever. Peut-être allait-il chercher une autre bouteille ? Ou à manger ? Ou peut-être qu'il voulait se dégourdir un peu les jambes ou prendre l'air ? Il y avait des tas de possibilités et elle voulait connaître le fin mot de l'histoire avant que sa tête n'explose. Mais il n’eut pas le temps de lui répondre ; il s'écroula sur le canapé une demi-seconde après s'être levé. Tout près d'elle. Peut-être même un peu trop, d’ailleurs… La distance de sécurité n’était plus du tout respectée et l’esprit de Julie recommençait à dérailler. Elle ne pensait plus qu’à lui. À son visage enfantin, à ses yeux pétillants, à ses lèvres parfaites... Le fait de l'entendre rire n'arrangeait rien : elle le trouvait encore plus attendrissant. Elle garda son visage près du sien et le fixa sans rien dire pendant de longues secondes. Elle mourrait d’envie de l’embrasser et elle n’était pas sûre que rester là, si près de lui, était la meilleure chose à faire pour résister à la tentation... Ses yeux se posèrent sur ses lèvres et elle se rapprocha lentement de lui, sans pour autant le toucher. Ils n'étaient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre à présent. « T'es vachement beau », murmura-t-elle sans le quitter des yeux, plus pour elle-même qu'autre chose. C'était comme si elle ne l'avait jamais vu avant. Comme si ce soir, elle découvrait Castiel sous un tout autre jour. Et il fallait que ça s'arrête avant qu'ils ne puissent plus rien contrôler. Seulement, elle n'était pas sûre d'avoir envie que ça s'arrête...

✖ Bon ok, remettons les pendules à l'heure. Que se passait-il, là ? C'étaient deux potes, deux connaissances qui s'entendaient bien mais qui au fond, ne se connaissait pas. Un coup de blues, on le console, on ouvre une bouteille. Et on finit donc comme ça ? Leurs visages à quelques centimètres l'un de l'autre ? Castiel gardait ses yeux grands ouverts rivés sur elle. Sur son visage si près. Sur son souffle qui venait s'échouer sur ses joues. Sur ses lèvres qui semblaient l'appeler. Et ses prunelles qui ne le lâchaient pas. Il faisait passer son regard d'un oeil à un autre, mais celui-ci dérivait bien trop souvent à présent vers les lèvres de la brunette. Elle se rapprocha de quelques centimètres et quand elle parla, il sut qu'il ne pourrait pas se retenir plus longtemps. Il sentait l'envie qui grandissait en lui et un frisson le parcourut de la savoir si proche. Il s'approcha d'un centimètre encore sans décrocher son regard du sien. « Et toi ravissante.. » murmura-t-il tout près d'elle, leurs lèvres se frôlant. Et finalement, il franchit la distance qui les séparait encore, posant ses lèvres contre celles de Julie, dans un moment très bref pour commencer. Il recula son visage à peine pour simplement la regarder, comme interrogateur. Il cherchait quoi au juste dans ses yeux ? Une réticence ? Une interrogation ? Quelque chose qui lui dirait « hé, mais qu'est-ce que tu fous au juste ? » ? Peut-être oui. Mais malgré-tout, même s'il y avait une seule de ses choses là dans ses yeux, l'alcool lui embrouillait tellement l'esprit qu'il ne l'aurait pas écouté. Le fait était là : il avait envie de l'embrasser comme il n'en avait jamais eu envie avant pour elle.. Il posa sa main sur la joue de Julie, dérivant doucement dans sa nuque, avant de poser ses lèvres plus franchement sur les siennes, un long frisson le parcourant de haut en bas. Et voilà comment l'alcool pouvait ruiner une relation entre deux amis. La ruiner, ou l'améliorer ? Après-tout, ce n'était pas maintenant que Roméo aurait sa réponse... !

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Et ce qui devait arriver arriva. Les lèvres de Roméo vinrent rencontrer les siennes. Ce baiser ne dura que quelques secondes mais cela avait été suffisant pour que la jeune Julie sente son souffle s’accélérer. Lorsqu’il se détacha d’elle, ses yeux rencontrèrent les siens. Comme s’il cherchait à savoir s’il avait été trop loin, si elle lui en voulait d’avoir fait cela ou si, au contraire, elle voulait continuer. La vérité, c’est qu’elle n’en savait rien. Son cœur lui disait de l’embrasser à son tour, sa tête lui criait de mettre des distances entre eux. Parce qu’ils avaient bu, qu’ils n’étaient plus totalement maîtres d’eux-mêmes et qu’ils devraient assumer les conséquences de leurs actes une fois qu’ils auraient évacué l’alcool qu’ils avaient ingurgité ce soir. Roméo coupa court à ce dilemme intérieur en l’embrassant à nouveau, bien plus franchement cette fois-ci. Et toute la volonté de Julie s’éclipsa. Elle mourrait d’envie de l’embrasser et au fond, c’était la seule chose qui comptait. Elle lui rendit donc son baiser avec plaisir, passant une main dans ses cheveux, puis sur sa joue. Quand leur étreinte prit fin, un long moment plus tard, elle esquissa un sourire. « Whoa », souffla-t-elle, haletante. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle ne s'était pas du tout attendue à ça en sonnant chez lui. Elle ne savait pas où cette histoire allait le mener mais elle ne voulait pas y penser. Oui, il y avait des chances pour qu'ils regrettent ce baiser dès le lendemain. Oui, leur amitié allait peut-être changer. Ou s'éteindre totalement. Mais elle était bien trop ivre pour se prendre la tête avec ça. Elle voulait vivre l'instant présent, ne plus penser à rien qu'à ses envies et se laisser un peu aller. Prenant son courage à deux mains, elle s'approcha à nouveau ses lèvres de Castiel et l'embrassa à son tour. Un baiser bien plus passionné qu'elle ne l'aurait voulu.

Leur baiser dura longtemps. Il était à la fois hésitant et entreprenant, comme s'ils hésitaient encore sur le fait de savoir si c'était raisonnable ou pas. Comme s'ils avaient encore un pied entre la raison & l'envie. Mais c'était faux. Castiel avait brisé les barrières, enfreint les règles, dépassé les limites. Et à ce moment-là, il ne regrettait pas. Peut-être demain regretterait-il ? Peu importait à ce moment-là, il voulait profiter ! Profiter de ses lèvres, profiter de... ouais ok pour le moment les lèvres c'était suffisant. Au fur et à mesure, son souffle se fit court & leur étreinte se termina. Besoin de récupérer leur souffle ben oui. Il ne répondit pas de suite à sa 'remarque', se contenant de la regarder, indécis. « Je sais même pas quoi en pens... » Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que cette fois, ce fut elle qui l'embrassa. Le baiser était bien plus entreprenant que les précédents, et Roméo osa même introduire sa langue dans la bouche de sa... ben quoi... amie ? pote ? connaissance ? Il ne savait plus trop à ce moment-là alors on dira Julie. Il glissa une main dans ses cheveux de brun, les fouillant doucement même s'il intensifiait le baiser avec une fièvre mal contrôlée. Son autre main glissa sur sa hanche distraitement, et il s'amusait avec sa langue, ses lèvres, mettant de plus en plus de fougue dans leur baiser. Il finit par le rompre mais resta tout proche d'elle, le souffle heurté. Finalement, il approcha ses lèvres de son oreille dont il mordilla doucement le lobe avant de murmurer : « Je sais pas ce qui me prend, sans doute l'alcool... Mais.. » Il se recula pour ancrer son regard dans le sien. Ouais, non, il ne voulait peut-être pas lui dire à voix haute, il était encore assez conscient pour ne pas faire trop d'erreurs non plus. Ce qu'il voulait dire ? C'est que bon sang, d'un coup, il avait envie d'elle.

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À ce stade là, il était trop tard pour faire marche arrière. Ils avaient franchi les limites, dépassé les bornes, enfreint les règles et ne pourraient pas faire comme si de rien n’était. Elle non plus, elle ne savait pas quoi en penser. Si elle avait déjà pensé à Castiel de cette façon avant ce soir ? Non, bien sûr que non. C’était un pote, un bon copain avec qui elle aimait passer du temps mais qu’elle voyait plus comme un camarade qu’autre chose. Jamais l’idée de se rapprocher de lui cette façon ne lui avait traversé l’esprit. Et pourtant, à cet instant précis, elle ne pensait plus qu’à ça. L’alcool. C’était la faute de l’alcool. Il n’y avait pas d’autres solutions. On ne pouvait pas se être devant l’un de ses amis et le trouver super attirant du jour au lendemain, si ? Roméo mit fin à leur baiser puis il s’approcha délicatement de son oreille pour murmurer quelque chose. « Je sais pas ce qui me prend, sans doute l'alcool... Mais.. » Il planta son regard dans le sien et elle comprit parfaitement ce qu’il voulait dire. Il la désirait autant qu’elle le désirait. Elle ferma les yeux une seconde. Ils devaient se ressaisir et ils devaient le faire maintenant, avant qu’ils ne commettent l’irréparable. « Bordel… », chuchota-t-elle avant de soupirer. Que leur arrivait-il ? La situation lui échappait totalement et elle ne savait plus quoi faire – et encore moins quoi penser. Castiel avait envie d’elle. Elle avait envie de lui. Au fond, rien ne les empêchait de céder. Même si ce n'était pas une bonne idée. « Je t'avais dit que je tenais pas du tout l'alcool, hein... », plaisanta-t-elle, un sourire gêné sur les lèvres. Et encore, cette fois-ci, elle n'avait pas fini à moitié nue à danser sur une table... Il y avait du progrès. Elle leva les yeux vers lui et se mordit légèrement la lèvre, signe qu'elle était complètement paumée. Et même si c'était lâche, elle préférait laisser le choix à Castiel. C'était à lui de décider s'il voulait qu'ils franchissent les derrières barrières qu'il restait. Il n'avait qu'à lire dans ses yeux pour voir qu'elle avait envie de lui au moins autant qu'il avait envie d'elle.

Jamais encore auparavant il ne s'était attardé sur elle ainsi. Jamais il ne l'avait regardée comme ça, jamais il ne s'était une seule fois imaginé poser ses lèvres sur les siennes. L'alcool, oui. Celui qui réveillait tous les vices. Roméo secoua la tête, passant une main dans ses cheveux pour les ébouriffer. Le pauvre petiot était perdu. Sa raison lui criait de la mettre dehors avant qu'il ne soit trop tard, et son corps lui hurlait de la coucher sur le canapé & de se mettre au-dessus d'elle. Et toutes ces pensées l'embrouillaient. Ouais, bordel, c'était le mot à dire. Il se mordilla la lèvre. Pour lui, ça signifiait presque qu'elle regrettait déjà, qu'elle ne voulait pas, qu'elle n'en avait pas envie. Il avait détourné le regard, presque... gêné ? Il tenta de calmer ses pulsions, avant qu'elle ne remarque plus à quel point il la voulait. Il tentait de calmer sa respiration déjà lorsqu'elle lança une plaisanterie. Il tourna la tête vers elle et croisa son regard. C'est à ce moment-là qu'il vit alors qu'il s'était trompé. Elle avait bel & bien envie de lui aussi. Alors où était le problème ? Ah, oui, leur amitié. Bah, elle survivrait non ? Non en fait il n'en avait strictement aucune idée. « C'est pas raisonnable.. » murmura-t-il doucement, mais ses gestes étaient contradictoires avec ce qu'il disait, puisqu'il se rapprocha d'elle. Il laissa courir sa main le long de son bras, puis le glissa sous le T-shirt de Julie. Il laissa ses doigts glisser lentement sur sa peau, ne la lâchant pas du regard, comme pour quêter un mot, une flamme, une étincelle qui voudrait dire « stop ». « Il faut pas, mais... j'en ai tellement envie. Foutue vodka. » Pas que sans boire il n'aurait pas du tout eu envie d'elle, mais bon là c'était arrivé d'un coup, et c'était assez dérisoire quoi. Il poussa un soupir. Un soupir d'abandon. Il abandonnait, oui. Il baissait les armes et s'avouait vaincu. Face à son envie qui ne cessait de grandir. Il se colla contre elle, retrouvant ses lèvres de nouveau, son autre main posée dans sa nuque. Il avait décidé.

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Les secondes semblaient durer une éternité et la pauvre Julie ne savait plus du tout quoi faire. Elle avait envisagé de partir mais cette solution n’était pas raisonnable : elle tenait à peine debout, elle ne pourrait pas rentrer chez elle. Alors quoi ? Céder à la tentation ? Rester là à regarder Castiel dans le blanc des yeux et essayer de faire comme s’ils n’étaient pas attirés l’un par l’autre ? « C'est pas raisonnable.. » Julie sursauta malgré elle, la (magnifique) voix de Castiel l’arrachant à ses pensées. Non, ce n’était pas raisonnable. Pas raisonnable du tout, même. Alors pourquoi s’approchait-il de cette manière ? Elle sentit sa main glisser sous son t-shirt et sentit des frissons la parcourir de la tête aux pieds. Pas de doute, il lui faisait vraiment de l'effet. Incapable de dire le moindre mot pour protester, elle se laissa faire et ferma les yeux. « Il faut pas, mais... j'en ai tellement envie. Foutue vodka. » Il venait de résumer la situation à la perfection : ce n'était pas bien mais ils en crevaient d'envie tous les deux. Restait à savoir s'ils choisiraient le cœur ou la raison... Puis les lèvres de Roméo se posèrent à nouveau sur les siennes. Le cœur l'emportait sur la raison, comme toujours. Décidant d'arrêter de freiner son désir, elle l'embrassa à pleine bouche et laissa libre cours à ses envies. Ses baisers devinrent de plus en plus fiévreux, ses mains de plus en plus baladeuses, les battements de son cœur de plus en plus rapides... Et une fois de plus, ce qui devait arriver arriva. Jamais elle n'aurait pu imaginer qu'elle passerait une nuit avec Castiel et pourtant, c'était en train de se produire sans qu'ils ne puissent rien y faire. Il était trop tard pour penser aux conséquences de leurs actes, trop tard pour faire machine arrière.

j'ai 'passé' le moment comme prévu & j'espère que ça te va, désolée si je prends du temps du coup en ce moment.

Ils étaient foutus. Finies les limites, finies leurs réputations l'un envers l'autre. Ils ne pourraient pas s'arrêter ; dès la ligne blanche franchie, il n'y avait aucun moyen de s'arrêter. L'alcool lui était certainement monté au cerveau, ou peut-être faisait-il ressortir une envie qu'il n'avait jamais voulu s'avouer... mais les faits étaient là : il avait envie d'elle, il la voulait, et il ne voulait pas s'arrêter. Tout s'accéléra alors. Il se retrouva collé contre elle. Habillés. La seconde d'après, il y avait leurs hauts au sol. Leurs pantalons jetés à moitié sur la table basse. L'instant d'après, leurs sous-vêtements s'étaient volatilisés aussi – à savoir s'ils les retrouveraient le lendemain. Castiel ne saurait vous décrire le moment, parce qu'il n'en gardera absolument aucun souvenir. De vagues sensations peut-être. Un désir insurmontable. Sa peau brûlante contre la sienne. Leurs lèvres se mêlant encore & encore dans une danse effrénée.

En tout cas, il s'éveilla dans son lit. Il avait un mal de crâne terrible, et avant d'ouvrir les yeux, il bougea doucement dans son lit. C'est quand sa jambe frôla celle de quelqu'un qu'il se figea tout entier. Il n'était pas seul dans son lit. Et surtout : il était entièrement nu. Il le sentait au drap contre lui. Son souffle s'accéléra un peu & il ouvrit les yeux. A côté de lui, il découvrit Julie. La soirée lui revint par quelques flashs. Il l'observa un moment sans rien dire. Elle avait les yeux fermés et si paisible comme ça, elle ressemblait à un ange. Il avait envie d'écarter ses cheveux de son visage pour pouvoir apercevoir ses yeux lorsqu'elle les ouvrirait mais... la brutalité avec laquelle il se ressaisit le désarçonna & il fixa son regard sur le plafond. Troublé, il se demanda s'il avait décuvé ou si l'alcool s'amusait encore à faire naître dans pensées étranges pour la belle brune dans sa tête. Il poussa un petit soupir, décidant alors de rester couché pour ne pas la réveiller. Comment devait-il agir, à présent ?

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Julie se réveilla quelques minutes plus tard mais elle refusa d'ouvrir les yeux immédiatement. Elle avait mal à la tête et elle était sûre que la luminosité la tuerait. Enfin, façon de parler, évidemment. Elle s'étira doucement, puis elle se frotta un peu les yeux. « Ma tête... », gémit-elle d’un air bougon. Elle avait l’impression qu’on lui martelait le crâne à l’aide d’un marteau-piqueur ; la sensation était loin d’être agréable. Elle se décida enfin à ouvrir les yeux et réalisa bien vite qu'elle n'était pas dans sa chambre. Elle se redressa vivement et tourna la tête vers l’autre côté du lit, découvrant... Roméo. Sa respiration s’accéléra nettement et elle referma immédiatement les yeux, priant pour avoir eu une hallucination. Roméo et elle. Nus. Dans un lit. Elle n’avait pas besoin de plus d’éléments pour comprendre ce qu’il s’était passé… Même si elle n’en avait aucun souvenir. Morte de honte, elle posa le drap sur son visage, histoire de se cacher et d'éviter le regard de Roméo. Les aventures d’un soir, ce n’était pas du tout son truc. Elle ne couchait jamais avec des garçons pour lesquels elle ne ressentait rien et… Et il valait mieux éviter de penser à cela, au fond. C’était déjà bien assez compliqué comme ça.

Prenant quelques minutes pour ce remettre de se moment extrêmement embarrassant, elle finit par sortir de sa cachette et regarda Roméo d’un air gêné. « Bonjour… » Elle lui adressa un petit sourire. Cette situation était tellement irréelle qu’elle ne savait absolument pas comment agir. Roméo et elle, allongés l’un à côté de l’autre. Mon Dieu. Elle allait avoir du mal à faire comme si de rien n’était, après ça. Elle le dévisagea pendant un court instant. Elle le trouvait incroyablement beau. Et pour être parfaitement honnête, elle avait envie de l’embrasser. Affolée par ces pensées étranges, elle se força à regarder le plafond. L’alcool devait encore faire des siennes. Elle n’avait sûrement pas décuvé. Oui, voilà, c’est ça. Tout ce qui se passait était à cause de l’alcool. Elle se mordit légèrement la lèvre, regardant inlassablement le plafond, puis elle osa enfin prendre la parole. « Tu… Tu peux m’indiquer la salle de bain, s’il te plait ? » Son plan ? Prendre une douche, quitter la maison de Castiel, rentrer chez elle et se laisser mourir de honte.

Elle se réveilla & murmura quelques mots d'un ton endormi et plaintif. Sa tête. Oui, la sienne aussi lui faisait drôlement mal. Il l'observa sans rien dire se cacher derrière son drap. Regrettait-elle ? Avait-elle peur ? Ou honte ? Il n'en savait rien et même lui peinait à défaire les nombreuses pensées emmêlées dans son cerveau. Il ferma les yeux de nouveau lui aussi, comme pour espérer que ça n'ait été qu'un rêve. D'un côté, il aurait voulu apprendre qu'ils n'avaient rien fait, qu'ils s'étaient juste endormis... bon ok, nus, c'était quand même bien moins innocent. Et d'un autre côté.. il était dégoûté de ne plus en avoir aucun souvenir. Ben quoi, c'était pas le genre de choses qui allaient se passer tous les jours n'est-ce pas ? Il resta là, pensif, mais se forçait à ne pas penser à ce que ça avait donné hier soir, à ne pas se l'imaginer, car l'excitation pourrait être traître ; il n'avait pas envie de se montrer faible face à elle ce matin. Il entendit son salut & tourna la tête, observa sa petite mine gênée; ça la rendait encore plus attachante. Et au fait.. comment était-il censé la saluer ? Comme si de rien n'était avec un 'salut, ça va ?' ou un air fier avec un 'bonjour beauté, bien dormi ?' ? Il finit par dire simplement : « Salut... ! » Il répondit à son sourire, voulant se montrer un peu plus assuré qu'elle ne l'était elle. Manque de bol, il semblait être dans le même état d'esprit. Il soutint son regard quand elle le fixa un moment, étudiant les moindres de ses traits pour descendre à ses lèvres. Il ne se souvenait pratiquement plus du goût qu'elles avaient. Et il s'en voulait. Ouais, il s'en voulait d'avoir envie de les toucher de nouveau pour le savoir. C'était ça. L'alcool. Ils devaient encore en avoir dans le sang, n'est-ce pas ? Il hocha la tête à sa question, tendant simplement le bras, désignant la porte jouxtant sa chambre. « Là-bas.. » Il aurait dû se lever, aller rassembler leurs habits – enfin, les trouver déjà –, lui donner une serviette, enfin... faire quelque chose quoi, mais non, il restait là immobile assis dans le lit en attendant de la voir aller à la salle de bain. A croire qu'en plus, il voulait se rincer l'oeil.

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Julie devait redoubler d’efforts pour rester concentrée sur ses objectifs et ne pas laisser ses pensées dériver. Elle se forçait à éviter le regard de Roméo. À éviter Roméo tout court, d’ailleurs. Son esprit divaguait dès qu’elle posait les yeux sur lui et elle n’en pouvait plus. Il fallait à tout prix qu’elle sorte de cette maison et qu’elle fasse son possible pour ne pas le recroiser. Au moins le temps que ses pensées idiotes ne sortent de son esprit. Il lui indiqua la salle de bain et elle fût confrontée à un nouveau problème : elle était nue. Hors de question qu’elle se lève et qu’elle traverse la chambre en tenue d’Eve sous les yeux de Castiel. Ce qui était ridicule, au fond, parce qu’ils avaient été bien plus intimes que cela quelques heures plus tôt… Mais elle n'en avait aucun souvenir et c'était peut-être mieux ainsi. Ou pas, d'ailleurs. Elle passa une main dans ses cheveux, de plus en plus gênée, puis osa finalement se tourner vers Roméo. « Tu veux bien fermer les yeux pendant que je vais à la salle de bain ? », demanda-t-elle d’un air embarrassé. C’était la seule solution pour qu’elle puisse quitter la chambre et tenter de retrouver ses vêtements, qui devaient être éparpillés un peu partout. Sans pouvoir s’en empêcher, ses yeux dérivèrent une nouvelle fois sur les lèvres de Roméo. Puis sur son torse. Et voilà que ces pensées idiotes refaisaient surface. Elle devait aller à la salle de bain. Maintenant. « Bon ben… J’y vais », annonça-t-elle sans faire le moindre mouvement, les yeux toujours rivés sur les lèvres de Castiel. Whoa, whoa, whoa. Il fallait qu'elle arrête ça rapidement, avant qu'elle ne fasse quelque chose qu'elle pourrait regretter. Comme l'embrasser comme ça, sans crier gare. Ils n'étaient que deux amis qui ont couché ensemble un soir de beuverie, voilà tout. C'était une erreur, une simple erreur. Il fallait qu'elle réussisse à s'en convaincre et qu'elle oublie cet étrange désir qui la possédait dès qu'elle posait les yeux sur lui. Reprenant le contrôle sur ses émotions, elle soupira doucement et s'écarta un peu de lui. « Ferme les yeux, allez. » Elle posa sa main sur les yeux de Roméo pour l'inciter à les fermer et se mit à sourire. Quand elle eut la certitude qu'il avait bel et bien les yeux fermés, elle se leva en vitesse et traversa la chambre le plus rapidement possible pour regagner la salle de bain. Elle espérait qu'il n'avait pas tricher et qu'il ne l'avait pas regardée.

✖ Il ne se doutait absolument pas que du côté de Julie, il y avait le même problème. Embarrassée par des pensées néfastes. Des pensées tentatrices. Des pensées traîtres, en fait. Il le voyait bien. Elle était gênée. En même temps, quoi de plus normal. Il y avait un mec nu dans le même lit mais en plus de ça, elle n'était pas chez elle. Il la dévisageait toujours, malgré qu'il soit conscient que cela la mette mal à l'aise. Il a alors un sourire amusé sur les lèvres quand il entend sa demande. Fermer les yeux ? Oui, bien sûr. Pourtant, il les garde grands ouverts. Il voit son regard qui dérive & ne peut empêcher le sien de faire pareil. Il faut qu'il pense à autre chose. Maintenant. Que fait-elle encore là ? Il faut qu'elle se lève. Qu'elle s'éloigne. Car sans qu'il ne comprenne pourquoi – vive les hormones dira-t-on – l'envie monte de plus en plus chez notre petite français et il se retient de justesse. Pourtant elle est là. Juste là. Il regarde ses lèvres qui lui semblent si douces. Ses lèvres qu'il a dû dévorer cette nuit & dont il ne garde pour souvenir pas même leur saveur. Elle est juste là, devant lui. Il n'aurait qu'à se pencher pour... Mais elle lui fait fermer les yeux. Son contact l'électrise et il ne bouge plus. Il a fermé les yeux et ne trichera pas. Au contraire, le noir lui permet de faire le vide dans sa tête. Il est troublé, il n'arrive plus à penser à autre chose que son corps contre celui de sa camarade de fac à présent entrée dans sa salle de bain. Nue. Il les rouvre. Reprend sa respiration & décide de se calmer. Il fait le vide et pense à tout autre chose. Rectification : il essaie mais ça ne fonctionne pas. Il s'est écoulé plusieurs minutes mais il a l'impression que ce ne sont que quelques secondes qui sont passées. Alors, il se reprend et se lève. Traverse à son tour la chambre et attrapa une serviette propre dans son placard. Elle doit s'attendre à l'entendre entrer pour lui en donner une, non ? Après-tout, si cela fait seulement quelques secondes... Il tape alors à la porte et attend. Aucune réponse. En tendant bien l'oreille, il perçoit le bruit de l'eau qui coule. Fuck, elle doit déjà être entrée dans la douche. Alors, il tourne la poignet. Elle n'a pas fermé à clé & il ne peut s'empêcher de se demander pourquoi. Aucune importance. Faire le vide, faire le vide. Il passe la tête & ne voit qu'un nuage de buée. Alors il s'avance, pour poser la serviette près de la porte de la douche... quand celle-ci s'ouvre alors d'un seul coup. Il relève la tête, surpris. Il devrait reculer, s'excuser, sortir. Ou au moins, baisser les yeux de son corps si parfait. Mais il en est incapable. Il reste le regard paralysé sur elle, sans pouvoir réagir. Hé vieux, à quoi tu joues ? Faire le vide, on avait dit ! A présent, faire le vide ne marche plus. Ses pensées ne vacillent plus qu'autour d'elle et de ce qu'ils ont fait cette nuit.

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Julie était persuadée que sentir le contact de l’eau chaude sur sa peau lui ferait du bien et que ses idées se remettraient en ordre après ça. Elle avait profité de chaque seconde passée sous la douche pour essayer de faire le vide et relativiser. La situation n’était pas si terrible que cela, au fond. Certes, elle avait couché avec l’un de ses amis… Mais il n’y avait pas mort d’hommes. Ils avaient trop bu et s’étaient laissé emporter, voilà tout. Cela ne devait aucunement remettre en cause leur relation. Rassurée, elle arrêta l’eau et sortit de la douche… tombant nez-à-nez avec Roméo – nu comme un ver, il est utile de le préciser. Surprise et horrifiée, elle resta figée pendant quelques secondes, incapable de faire quoi que ce soit. Que faisait-il là alors qu’il savait pertinemment qu’elle était dans la salle de bain ? Alors qu’il fixait son corps avec insistance, la mettant encore plus mal à l’aise, elle décela une lueur étrange dans son regard. Du désir ? Non, ça ne pouvait pas être ça. Elle devait probablement se faire un film, s’imaginer qu’il était en train de la zieuter alors que ce n’était pas le cas. Elle attrapa la serviette que Roméo tenait dans les mains, frôlant ses doigts au passage, et l’enroula autour de son corps encore mouillé. Elle chercha à se donner de l’assurance et à masquer son embarras mais n’y parvint pas franchement… « Tu… voulais quelque chose ? », s’enquit-elle dans un murmure, comme si elle avait peur de briser le silence. Elle le fixait inlassablement, irrésistiblement attirée par ses lèvres parfaites. Mais elle devait s’en tenir à ses résolutions : se forcer à résister à la tentation pour ne pas compromettre leur amitié. Même si c’était horriblement difficile et qu’elle n’était pas sûre d’y parvenir… Surtout pas quand il la regardait de cette façon.